« Depuis la loi PACTE et la concentration des CAC, recruter un auditeur est devenu très difficile, particulièrement en dehors de Paris, Lyon, Marseille et quelques autres zones, résume Benedict Wittet, Business manager chez Hays France. Ce cabinet de recrutement publie chaque année son Etude de rémunérations, accompagnée de focus sectoriels. En 2023, l’audit y apparait en tête des métiers du chiffre en tension, devant l’expertise-comptable et le social[1].
La situation est compliquée à tous les niveaux, précise le spécialiste : « alors qu’avant la pandémie les jeunes recrues partaient au bout de 4 ou 5 ans, leur turn-over est descendu à deux à trois années en poste ». Quand ces Seniors ou ces jeunes managers partent, ce n’est généralement pas pour un autre cabinet d’audit financier. Il en résulte un trou de génération, qui vient perturber la pyramide de compétences. Et du côté des juniors ?
Les Big Seven recrutent à eux tous seuls 9000 talents chaque année. Ils ont toujours soigné leur présence sur les campus et les forums des grandes écoles - présence aujourd’hui largement dématérialisée. Les cabinets de taille moyenne se sont équipés d’une fonction RH et ont professionnalisé ce type d’approche.
Conséquence ? « Quand je fais une intervention dans une école de comptabilité (généralement au début de l’année de sortie), et que je demande qui a une proposition de CDI pour la rentrée suivante, la plupart des étudiants lèvent la main ! » illustre Benedict Wittet.
Le marché de l’audit s’est concentré, mais il n’est pas plus attractif pour autant. Les raisons de commencer sa carrière en cabinet n’ont pas beaucoup évolué ces 30 dernières années : la formation post-école, la qualité de l’encadrement, la constitution d’un carnet d’adresses… et le CV. Mais les choses ont changé en profondeur.
« J’étais aussi intervenu en 2004, sur le campus d’HEC, pour parler métiers financiers. La principale question à l’époque était : dois-je absolument faire un passage dans un cabinet ? Leurs camarades d’aujourd’hui ne se posent plus la question. Ils n’y vont pas ». Ils ont bien d’autres options, notamment dans les start-ups, les entreprises ou les associations. Conséquence : les Big sont allés recruter parmi les cabinets moyens, les moyens chez les petits, et aujourd’hui beaucoup doivent se tourner vers des écoles moins sélectives.
Les rémunérations de départ - critère clé lors de la première embauche, se situent dans la moyenne, mais connaissent de forts écarts d’une région à l’autre (chiffres Hays France 2023) :
Les efforts d’attractivité fournis par beaucoup de cabinets sont visibles. Sous la contrainte de la pénurie, la profession se réforme et aligne ses pratiques sur les entreprises. Mise en place de plusieurs jours de télétravail, flexibilité des horaires, RTT de 15 ou 20 jours sont venus normaliser le métier. Beaucoup de cabinets respectent un strict 35 heures. Mais c’est apparemment insuffisant.
Les recruteurs sont en souffrance. Benedict Wittet l’a entendu : « Des efforts sont fournis pour attirer les nouvelles générations : flexibilité, inclusion, bienveillance, conscience écologique… Nous connaissons leurs préoccupations, nous faisons des propositions dans ce sens. Mais le travail en lui-même doit rester la priorité ! ».
Comment rendre les cabinets d’audit-conseil plus inspirants et attrayants auprès des nouvelles générations : qui a la réponse ? Les futurs candidats eux-mêmes, selon la Fédération française des firmes pluridisciplinaires (F3P), qui réunit les Big7 et a conduit, en janvier 2023, une consultation nationale auprès des jeunes.
Le spécialiste préconise lui-aussi des solutions de long terme, au niveau national, au niveau local, mais aussi dans l’équipement informatique du cabinet.
Au niveau national : des actions concertées par tous acteurs pour communiquer sur les intérêts du métier, auprès des lycéens, des collégiens, de leurs parents, du grand public.
Au niveau local : chaque collaborateur peut être un ambassadeur du métier. Il a toujours une ou plusieurs situations exceptionnelles à raconter - de celles dont on se souvient. Il y a des solutions simples pour les y encourager.
Au niveau du SI : l’automatisation fait partie des solutions. « L’audit c’est une approche par les risques et par seuil de signification. Les progrès de l’automatisation, notamment en matière comptable, permettront de faire des audits plus pointus. Le temps qui ne sera plus passé à compter les palettes de ciment dans le dépôt Point P sera bien plus stimulant intellectuellement ! »
S’il y a un autre domaine où la technologie peut être un game changer, c’est bien celui de l’organisation du travail. Les lacunes des systèmes anciens pèsent sur l’image de la profession comme sur celle que les jeunes auditeurs ont d’eux-mêmes.
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[1] Hays France : Etude de rémunérations 2023