Gérer le coup de feu de la période fiscale

Gérer le coup de feu de la période fiscale

L'équipe Beeye - 17 janv. 2020 13:50:45

Comptables

Avec les chocolatiers, les brasseurs et les marchands de jouets, s’il y a une
profession qui connait une forte saisonnalité, c’est bien l’expertise-comptable. La période des bilans ressemble à un long coup de feu en cuisine ! Nous avons demandé à des experts-comptables ce qu’ils en pensaient, et comment ils faisaient face.

« C’est très dur. Le coup de feu de la période fiscale existe toujours, explique Thierry Kalpac, expert-comptable à Marseille. C’est même un coup de feu qui a beaucoup d’échos… ! Il nous faut assimiler les nouvelles lois de finances, répondre à des procédures qui se sont alourdies - comme avec les centres de gestion agréés, par exemple. L’exigence de formalisme est toujours plus élevée. Sans compter les arrêtés décalés ! »

 

Une période charnière

 « Oui, la période des bilans est clé dans notre activité, et à plus d’un titre : il faut sortir les chiffres, présenter le projet au dirigeant, et l’aider à prendre des décisions de gestion - prime ou dividendes ? embauches ou réduction de personnel ? investissement de production ? etc.). Nous devons donc produire et communiquer en même temps, et la charge est importante » précise Delphine Loyseau, expert-comptable à Lille.

Le planning des rendez-vous bilan va donc devoir s’intégrer avec la production et son suivi. A raison d’une heure pour une petite structure, davantage pour les entreprises plus importantes, il s’agit d’une activité très chronophage. Qui n’en est pas moins fondamentale : service rendu au client d’abord (« Pour certains un bilan ça ne parle pas du tout ! »), et évaluation des besoins de conseil ensuite.

 

Les collaborateurs en première ligne

La période fiscale est une course de fond, avec des moments calmes, des temps forts… et un sprint final. « En janvier et février, on sort les bilans des entreprises les mieux structurées, les mieux organisées dans la gestion de leurs documents - et de celles qui ont des exigences de délai pour un reporting groupe. Mi-février, on peut ressentir un creux - c’est le moment de prendre son souffle ! Parce que dès mars on entre dans le tunnel jusqu’au 15 mai », raconte Delphine Loyseau. 

Pour Thierry Kalpac, il y a surtout deux périodes : écarlate, de début mars à fin avril, et rouge en mai et jusqu’à mi-juin. Pour soutenir l’effort, son premier souci est celui des ressources humaines. « Nous sommes un cabinet familial, et le bien-être de nos collaborateurs occupe le cœur de nos préoccupations. Il faut offrir de bonnes conditions de travail, et prendre garde à leurs horaires. »

Sans compter que les collaborateurs des cabinets sont plus attentifs qu’avant à leur équilibre vie professionnelle / vie personnelle… Plus rares, ils sont devenus plus exigeants. « Quand j’ai commencé il y a vingt ans, c’était naturel de venir le samedi matin… Aujourd’hui, on fait en sorte que cela demeure exceptionnel », commente Delphine Loyseau. Ce qui n’a pas changé, c’est la charge de travail des associés sur la période : « Pas de vacances de printemps pour les experts-comptables ! Adieu lundis de Pâques et ponts de mai ! C’est souvent le patron du cabinet et ses managers qui vont éponger les pics d’activité. Pourtant ce n’est pas le moment d’étouffer les plus calibrés… ».

 

Anticiper pour survivre !

Si l’habitude généralisée des entreprises françaises de clôturer au 31 décembre condamne les cabinets à affronter cette saisonnalité, la période fiscale a au moins l’avantage d’être attendue et prévisible. On peut donc s’y préparer.

Les associés de Kalpac ont décidé de revoir l’organisation, sur tous les dossiers. L’objectif est d’être à jour le plus tôt possible, et de ne rien laisser traîner. Et d’anticiper les retards des clients - il faut parfois trois mails formalisés pour obtenir une réponse…  « Nous connaissons ceux qui manquent de discipline. Mais il faut comprendre aussi que le premier objectif du client, c’est de faire tourner sa boutique ! A nous de lui donner les moyens de s’organiser. Et de lui faire comprendre que c’est son intérêt d’avoir des comptes plus tôt. »

Gouverner c’est prévoir, décidément : pourquoi se retrouver gêné au moment des bilans par l’absence de pièces qu’on aurait pu demander au cours de l’exercice, ou devoir mettre à jour ces immos que l’on n’a pas saisi les mois précédents ? Préparer la période fiscale, c’est finalement l’affaire de toute l’année…

Ce n’est pas tout : « il faut avoir de la ressource d’avance, explique pour sa part Delphine Loyseau. C’est la raison pour laquelle j’ai un recrutement qui arrive en janvier. Je mise sur de nouvelles missions de conseil pour développer mon activité. Il faut accepter d’être en surcapacité » - ou faire appel à la sous-traitance d’une jeune consœur ou d’un confrère.